Ma purée de tomates





Le poète n’est pas ce bel oiseau marin
Echoué sur un pont au milieu des humains
Il n’est pas ce garçon pensif et ténébreux
Qui, croisant la tristesse, en tombe amoureux

C’est un handicapé, un vers solitaire
Une sorte de tumeur qui ne veut pas se taire
Un petit adjectif se prenant pour un verbe
Qui chante la nature sans jamais fouler l’herbe

Cette plaie qu’est la vie, sanglante meurtrissure
Je l’écris tous les jours en petits vers navrés
Et ces vers se répandent le long de la blessure
L’empêchent et de pourrir, et de se refermer

Regardez, constatez : ces plaies sont mes stigmates !
Et tous les jours je saigne ma purée de tomate
Je la pisse et la verse par litres et par seaux
Sur ce sot géranium où fleurit mon égo


Commentaires

Articles les plus consultés